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Clod illustrateur, une vie à vélo, une histoire d’équilibre

Clod est un illustrateur à l’univers coloré, vif, sensible et bienveillant. Il dessine et s’adapte formidablement bien à toutes les tribunes qu’on veut bien lui confier. Le vélo est d’évidence un maillon important de sa vie. Une petite part de sa chaîne humaine qu’il dit être « indispensable » à son bien-être… Sa madeleine de Proust. A travers ses œuvres, le vélo reflète un état d’esprit, une joie de vivre et une grande liberté. Il se confie sur des sujets importants tels que Paris et les déplacements à vélo, le vélotaf, l’écomobilité, la sécurité et les vols de vélos ou encore l’aspect culturel, véritable cheville ouvrière de l’écosystème vélo/voitures.  Ou comment promouvoir le vélo tout en cohabitant sereinement avec les voitures ?

Quel regard portes-tu sur ton univers ?

J’ai commencé ma carrière vers 30 ans. Je suis autodidacte. Je dessine depuis toujours. Je viens d’un milieu très modeste. Les études artistiques n’étaient pas mises en valeur dans ce milieu. Il fallait de ce fait m’émanciper de ce milieu social. Je suis un illustrateur de commandes. Par conséquent, je réponds à des demandes et je m’adapte à des briefs. Mon univers ? C’est d’apporter de la légèreté, de la bonne humeur et de la fraîcheur ! C’est une approche qui fait du bien. Mon travail consiste quelque part à dédramatiser des sujets souvent complexes et/ou sensibles. Tout d’un coup, grâce à l’illustration cela devient plus sympa, plus accessible. C’est comme ça que je me place. C’est toujours frais, coloré, enthousiaste, c’est un peu cela ma marque de fabrique. C’est positif !

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Un élément déclencheur ?

Surtout des rencontres avec des gens bienveillants et inspirants qui m’ont dit fonce !

Est-ce que ton style a toujours été coloré ? Ton évolution créative est-elle avant tout intérieure ?

J’évolue tout le temps. Il est vital de se renouveler, garder une fraîcheur et surtout ne jamais s’ennuyer. Néanmoins, mon univers n’a pas toujours été coloré. Au début, j’étais un auteur de bandes dessinées. Je faisais des albums un peu sombres sur des sujets souvent existentiels, le trait était noir. J’ai eu envie et besoin d’aller vers des choses plus légères. C’est aussi une façon pour moi de guérir de ce côté « pas positif ». En réalité, je ne suis pas très optimiste.  Je m’interroge sur la nature humaine et les problèmes que les hommes génèrent dans ce monde. J’ai décidé de ne pas rajouter de la misère à la misère. J’ai besoin de faire des choses positives. C’est une forme de thérapie pour moi mais aussi pour les autres. Je ne vais pas changer le monde avec mes dessins mais je peux m’engager artistiquement sur des sujets compliqués tout en étant léger dans la retranscription. C’est aussi cela la part de mon colibri.

Je pars du principe que si on se sent heureux, on peut agir mieux que si on est triste. 

Pourquoi autant de vélos dans tes illustrations ? Il y en a de partout !

Le vélo est avant tout une histoire d’enfance. Mon enfance.  A vélo, je retourne en enfance et cela me fait du bien. J’ai toujours été sur un vélo. J’ai passé ma jeunesse sur cette petite reine. Le vélo est un peu ma madeleine de Proust. Quand je suis dessus, je retourne en enfance je me sens libre.

Aujourd’hui, nous nous rendons compte que c’est pratique, écologique ou encore que nous allons plus vite à vélo qu’en voiture en ville. Le vélo a un pouvoir immense ! Il peut contribuer à redévelopper et redynamiser le commerce local. Il a énormément de vertus, notamment pour la santé.

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Un véritable mode de vie ?

J’habite en ville. Les déplacements à vélo sont faciles, ça va bien plus vite que le métro parisien. C’est pratique. L’aménagement se développe c’est certain mais je n’ai pas eu besoin de pistes cyclables pour me sentir à l’aise de circuler. Cela n’a jamais été un problème. L’aménagement c’est super pour le plus grand nombre à enfourcher un vélo et pour améliorer la sécurité des usagers.

Est-ce culturellement français ?

Pendant mon enfance, je prenais mon vélo dès que je sortais de l’école. Pour moi, c’était une évidence. Il y a une dizaine d’années, nous étions très peu nombreux à vélo sur Paris. Culturellement, c’est difficile, peut être parce que nous sommes le pays de la voiture ! Nombreuses sont les publicités des constructeurs automobiles autour de nous. Il faut arriver à changer les mentalités et cela prend du temps !

Et hors frontières ? Copenhague ? Amsterdam ?

Ces villes ont été pensées pour le vélo et la démarche a été initiée dès les années 70. J’ai fait Berlin, c’est très bien à vélo. Les allemands ont une véritable discipline alors pour eux c’est assez facile. Amsterdam c’est génial ! Manhattan, c’est compliqué ! Mais il y a moyen de se faire plaisir. Il y a des villes plus risquées ! Par exemple Istanbul ou encore Athènes, ils sont encore loin derrière nous.

L’évolution rapport vélo/voiture, qu’en penses-tu ?

Les voitures sont de plus en plus présentes dans la capitale. La pratique du vélo se développe c’est indéniable. Par contre, il n’y a pas moins de voitures et les tensions sont palpables. Les gens restent dans leur voiture. Rajoutez à cela les piétons, les trottinettes, les vélos, il faut donc se partager l’espace. C’est difficile car personne n’est prêt à faire des compromis. Tout le monde est persuadé d’avoir raison. Je pense que c’est une période transitoire et nécessaire. Il est difficile de basculer d’un mode à un autre. C’est assez tendu à Paris. Depuis Pompidou, toute la ville a été construite autour de la voiture. Pompidou voulait même faire venir des autoroutes jusque dans le centre de Paris. Les trottoirs ont été raccourcis pour faire des places de voiture. Les automobilistes ne comprennent plus pourquoi ils ne peuvent plus se garer.

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Est ce que tu vois un cercle vertueux du vélo ?

Je suis persuadé que petit à petit les gens vont se rendre compte des avantages du vélotaf et vélo utile. Il faut réellement prendre son vélo pour se rendre compte. Les gens te disent « oui mais il pleut ! » mais en réalité il n’y a même pas 10 jours où tu arrives tremper à vélo au travail (et puis tu mets un imperméable). « L’hiver il fait froid ! », en réalité quand tu pédales tu n’as pas froid.

Je traverse Paris en 30 minutes, je vais plus vite que le métro. Grâce au vélo, tu découvres et redécouvres Paris. Il y a énormément d’aspects positifs : il y a bien entendu la santé, la rapidité, le plaisir, les rencontres, tu parles plus avec les gens, l’écologie, tu retires du bruit, tu retires de la pollution, tu redéveloppes le commerce local, tu n’iras pas faire tes courses en périphérie. Tu crées aussi des métiers : des personnes qui réparent les vélos, des solutions de stationnements, un véritable cercle vertueux. Pour ma part, je n’y vois que des avantages. Malheureusement, il n’est pas possible de forcer les gens, c’est un véritable projet de société.

« A chaque fois que je passe au Centre Pompidou, je tombe sur une perle qui m’avait échappé la fois précédente. Cette fois, c’est un tableau de Fernand Léger, avec… des vélos ! En cherchant un peu, j’ai découvert que Fernand Léger a beaucoup représenté le vélo dans ses œuvres. Je me suis demandé alors pourquoi Fernand Léger avait si souvent représenté le vélo dans son œuvre. J’imagine qu’il voyait dans le vélo une forme d’émancipation sociale et populaire. Nul doute que ce progressiste engagé, a été sensible aux premières conséquences des Congés Payés : les sorties à vélo. Le vélo symbole de LIBERTÉ à laquelle l’homme de gauche devait tenir. Les spécialistes me confirmeront. 

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Le contexte pandémique a-t-il été générateur de déclics ? De changements ?

J’essaie de ne pas être militant et de ne pas exclure les autres. Je ne suis ni anti voiture, ni anti trottinette. Je me dis que nous sommes dans une période de transition où tout le monde doit apprendre à cohabiter. Naturellement, les choses vont se réguler et nous allons nous rendre compte que la meilleure des solutions c’est le vélo ! La crise de la COVID a permis au vélo de se développer. Nous nous sommes rendus compte que nous ne sommes pas entassés dans les transports, et de ce fait que cela limitait la contagion. Les gens ont pris conscience qu’ils allaient  plus vite à leur travail, qu’ils étaient moins stressés, qu’ils faisaient du sport et que c’était finalement génial !

Quels sont les freins à la pratique du vélo ?

Toutes les solutions sont bonnes à prendre pour libérer les freins liés à la prise en main du vélo. Je prends l’exemple de notre copropriété où nous sommes 50 appartements. Le local a vélos est rempli mais en réalité il y a 90% des vélos qui dorment ! Quant aux vols de vélos sur Paris, c’est devenu réellement insupportable. Les entreprises manquent de local vélos aménagés de façon sécurisante. Lorsque le cycliste va à une exposition par exemple, il ne sait même pas où stationner son vélo. Concernant le garage à vélos, l’exemple d’Amsterdam est édifiant : lorsque le cycliste sort de la gare,  il a à sa disposition un parking à vélos pour des milliers de vélos. Pour les gens qui habitent à Paris, c’est bien simple, il n’y a pas de local vélos adaptés. Le garage à vélos, c’est hyper important.

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« Face à un marché du vélo neuf en tension, la vente d’occasion ne faiblit pas et dans son sillage, les vols. Entre 400 et 500 000 biclous sont dérobés chaque année. Ouest-France consacre une série d’articles sur ce fléau qui pourrit la vie des amateurs de la petite reine ».

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